Nous étions tous à la campagne, en train de nous promener nonchalamment le long d’une route bordée de fossés herbeux, lorsque quelqu’un s’extasia sur la qualité du silence qui régnait. Une autre personne renchérit sur le bonheur de la vie à la campagne, sans pollution sonore. Pendant ce temps, je tendais l’oreille, étonnée. Je posai alors la question révélatrice :
« Mais on entend bien une machine agricole, là, en arrière-plan, quand même ? »
Eh bien non, apparemment. Je retirai alors mes appareils et me bouchai les oreilles. Et en effet, la machine agricole, c’était dans mes oreilles.
C’est à cette occasion, il y a maintenant plusieurs années, que j’ai découvert que j’avais des acouphènes permanents.
Ces acouphènes-là ressemblent à un bourdonnement, ou un souffle, un peu comme un bruit de circulation constant. étant habituée à habiter en ville et à avoir un fond sonore constant, je m’y étais habituée, et n’avais jamais pensé que cette pollution sonore pouvait être interne.
Et ça, c’est juste l’acouphène constant ! Parce qu’après, il y en a d’autres, qui vont et qui viennent au gré des situations, de la fatigue, des émotions et sûrement d’autres facteurs que je n’ai pas encore découverts. Ces autres acouphènes se rajoutent au bourdonnement de base.
Un de ces acouphènes transitoires, c’est une sorte de sifflement, ou tintement. On dirait vaguement quelqu’un qui heurte un verre en cristal avec une cuillère, et ce de façon répétée. Celui-là arrive de temps en temps, et reste rarement longtemps. Quelques heures au plus. Il est assez désagréable, parce que je ne peux pas en faire abstraction comme pour le bourdonnement de base. Mais il n’est pas trop irritant, et il ne reste pas assez longtemps pour me faire tourner en bourrique.
Récemment, par contre, j’en ai eu un nouveau. Si je devais en faire une onomatopée, ce serait quelque chose comme Bvrrrrrt. Ou Bvrout, si on veut pouvoir le prononcer. Bref, si vous avez déjà appelé quelqu’un en Angleterre ou en Irlande sur un téléphone fixe, ça ressemblait un peu au son que l’on entend en attendant que l’interlocuteur décroche. Et ce son-là est resté dans mon oreille gauche pendant toute une journée, et a bien failli me rendre enragée. Il revenait à intervalle très régulier, comme le son du téléphone, dès qu’il y avait un peu de silence. C’était la première fois qu’un acouphène avait autant d’impact sur mon humeur et mes émotions.
Et là j’ai compris pourquoi les acouphènes avaient été pendant longtemps considérés comme une maladie mentale. L’acouphène en lui-même n’est pas un problème psychologique, certes, mais quand des sons envahissent nos oreilles et qu’on ne peut rien y faire, il y a de quoi perdre son équilibre mental !
Les acouphènes transitoires semblent se produire davantage dans mon oreille gauche que dans la droite, tandis que pour mon acouphène constant, eh bien, je serais bien incapable de dire dans quelle oreille je l’entends. Les deux, j’imagine.
Mais alors, qu’est-ce qu’un acouphène ?
C’est un bruit qu’on entend à l’intérieur d’une ou des deux oreilles sans stimulus sonore extérieur. Les acouphènes peuvent avoir de nombreuses causes, et apparemment nous sommes au moins 4 millions à en souffrir en France ! Et plus de la moitié des personnes qui ont des acouphènes n’ont jamais consulté à ce propos.
Ceci dit, moi non plus je n’ai jamais consulté pour cela. J’ai bien mentionné mes acouphènes à mon ORL ou à mon médecin généraliste à l’occasion, mais personne n’a jamais montré d’intérêt particulier par rapport à cela ni tenté d’en savoir plus à ce sujet. J’en ai donc conclu que ce n’était pas important. Mes acouphènes n’étant pas trop gênant, la plupart du temps, je n’ai pas non plus cherché plus loin.
Or, lors de la préparation de cet article, je suis tombée par hasard sur l’émission Allô Docteurs, sur France 5, dédiée justement aux acouphènes. Et j’ai appris des tas de choses !
En particulier que mes acouphènes semblent être dus à la surdité. L’ORL présente sur le plateau de l’émission explique qu’il y a un remaniement des voies auditives dû à la surdité, et que le fait qu’il n’y ait pas assez d’informations sonores qui parviennent au cerveau en raison de la perte auditive provoque des acouphènes. En gros, je n’entends pas assez de son, alors mon corps rajoute des acouphènes pour rééquilibrer le tout. Super !
Pas étonnant, du coup, que la plupart des gens avec une perte auditive souffrent aussi d’acouphènes.
Mais il existe aussi beaucoup d’autres genres d’acouphènes ! Il y a ceux qui peuvent être soulagés par une physiothérapie cervicale ou par la naturopathie, parce qu’ils sont dus à un trop-plein d’informations provenant des muscles du cou et autres systèmes, tandis que d’autres acouphènes peuvent être soignés grâce à des anti-inflammatoires, car ils proviennent d’une inflammation de la trompe d’Eustache, par exemple. Alors si vous avez des acouphènes suite à un rhume ou une infection des voies respiratoires, allez voir votre médecin ! Mieux vaut ne pas les laisser s’installer.
Comment vivre avec des acouphènes ?
Dans la majeure partie des cas, il ne s’agit pas de guérir ou d’éliminer complètement les acouphènes, mais bien plutôt d’apprendre à vivre avec.
Quand j’ai des acouphènes qui me gênent vraiment, j’écoute de la musique, je regarde la télévision, je vais voir des gens. Parce que le pire, c’est le silence, où l’acouphène va se révéler dans toute sa splendeur. Si j’écoute quelque chose, le son extérieur prend le pas sur l’acouphène.
Bien sûr, c’est ennuyeux quand c’est l’heure de dormir, ou si l’on est dans un espace silencieux où la situation ne permet pas d’écouter quelque chose.
Et puis surtout, il ne faut pas que ça dure trop longtemps, parce que l’écoute constante est épuisante et que j’ai absolument besoin de silence pour me reposer.
Pour l’instant, je n’ai encore rien essayé d’autre pour gérer les acouphènes, parce que je n’en ai pas eu besoin plus que ça. Mais quand j’en aurai besoin, je tenterai peut-être les techniques suivantes :
- L’approche cognitivo-comportementale
- L’hypnothérapie
- La sophrologie
- Les appareils auditifs avec générateur de bruit pour acouphènes
Et vous, comment gérez-vous vos acouphènes ? Quelle méthode fonctionne pour vous ? Avez-vous trouvé des thérapies ou approches qui marchent pour vous, et diminuent ou vous aident à supporter vos acouphènes ?