Quand j’étais petite, et en grandissant, j’étais très spontanée, plutôt exubérante. Extravertie, sans aucun doute. J’aimais beaucoup voir des gens, parler, être au centre de l’attention.
Et puis, plus le temps passe, et moins je suis comme cela. J’ai de plus en plus besoin de silence, et j’ai besoin d’être seule, souvent. Je me sens davantage introvertie qu’extravertie. Bien sûr, j’ai toujours des moments où j’aime voir des gens, parler, être au centre de l’attention. Mais ces moments sont plus courts, et plus rares. J’aime aussi écouter, et j’aime surtout passer du temps seule, sans bruit, sans effort à faire pour comprendre qui que ce soit. Le silence me recharge.
Alors, est-ce la sagesse qui arrive, est-ce que j’ai simplement mûri, vieilli, ou bien ma perte auditive y est-elle pour quelque chose ?
Être introverti ou l’énergie du monde intérieur
J’ai du coup fait pas mal de recherches sur l’introversion, d’où elle vient, et ce qu’elle signifie. J’ai trouvé beaucoup d’informations sur le net, comme par exemple :
« L’introversion est au départ une forme de tempérament. Elle n’est pas synonyme de timidité ou de réserve. Elle n’est pas non plus pathologique. Ce n’est pas un trait de caractère que l’on peut modifier. Mais on peut en tirer profit au lieu de lutter contre elle. Ce qui distingue principalement les introvertis du reste des mortels, c’est la source de leur énergie. En effet, ils tirent leur énergie du monde intérieur des idées, des émotions et des impressions. Ce sont des « économiseurs » d’énergie. Ils souffrent très vite d’un excès de stimulation et éprouvent facilement un sentiment de trop plein ». Extrait tiré du livre Introverti et heureux, de Marti Olsen Laney.
C’est très intéressant, cette notion de source d’énergie. Et c’est vrai, je tire de plus en plus mon énergie du monde intérieur, et je souffre de plus en plus d’un excès de stimulation (entendez, d’une façon ou d’une autre, excès de bruit), qui m’épuise très vite.
Et vraiment ? Ce ne serait pas un trait de caractère que l’on peut modifier ? Mais Carl Gustav Jung est plus nuancé sur le sujet.
Se déplacer sur l’axe introverti-extraverti
Je vais ici vous présenter le blog de Julien Prest, qui est une vraie ressource pour les introvertis. Il explique que c’est Jung qui a défini en premier l’introversion par rapport à l’extraversion.
Julien explique que l’introversion, selon Jung, est « un trait de caractère où l’énergie circule vers l’intérieur (la pensée et les sentiments), et l’extraversion vers l’extérieur (les personnes, les faits, les objets). »
« Selon lui, ce trait de caractère est inné : on naît quelque part sur le continuum introversion / extraversion, plus ou moins d’un côté ou de l’autre. Il considérait également que, bien que ce trait de caractère soit inné, il est tout à fait possible de se déplacer sur ce continuum au cours de sa vie, et en fonction des situations. D’ailleurs les personnes les plus adaptées à la vie en société sont celles qui savent se déplacer sur cet axe. Mais le positionnement sur le continuum avec lequel on est né est notre point de repos, où l’on se sent bien dans sa peau. »
Alors oui, en effet, je me suis très nettement déplacée sur cet axe.
Après avoir fait deux tests, celui de psychologies.com et celui du blog de Julien, l’un ma trouvée plutôt extravertie (mais un peu entre les deux) et l’autre plutôt introvertie.
Si j’avais fait le test il y a 10 ans, j’aurais sûrement été plus nettement du côté de l’extraversion, sans aucun doute. Et si j’ai changé, si j’ai maintenant du mal à rester longtemps dans un environnement actif et bruyant, je le dois en grande partie à ma perte auditive.
En effet, si l’introverti se ressource dans la solitude, préfère le calme à l’action et a tendance à vouloir parler directement de sujets profonds, même avec des inconnus, alors c’est tout à fait moi. Mais par contre, je suis plutôt du côté extraverti quand j’aime passer d’un sujet à l’autre ou d’une activité à l’autre (tant qu’il n’y a pas trop de bruit), et que je fonce dans les conflits (ou du moins, je ne les évite pas)…
Si j’entendais bien, est-ce que j’aimerais les conversations superficielles ? Est-ce que je serais tout le temps dans l’action, dans le bruit, évitant à tout prix le silence ?
Je n’ai pas de moyen de savoir cela, parce que je vis avec ma perte auditive, et elle fait partie de moi. Je ne peux pas faire comme si elle n’était pas là.
Après, jusqu’où la perte auditive peut-elle me changer, me modeler, faire de moi quelqu’un d’autre ? Etais-je destinée à être extravertie, et la perte auditive m’empêche-t-elle d’être qui je devrais être ?
Eh bien, pour être honnête, j’aime bien ce que je suis devenue. J’aime bien avoir besoin de calme, de silence. J’aime aussi être capable d’écouter plus qu’avant. J’aime avoir quelques amis plutôt qu’un tas de connaissances.
Alors oui, peut-être que la perte auditive m’a rendue plus introvertie que je ne l’aurais été autrement. Mais est-ce un mal ?
Je ne le pense pas.