Comme tout le monde le sait, les appareils auditifs sont un luxe hors de prix. C’est un luxe dont nous avons cruellement besoin, malgré tout. Alors heureusement, nous avons accès à certains financements qui peuvent nous aider à acquérir ces petits objets qui pourront nous faciliter un peu la vie.
Cette fois-ci, j’ai pu trouver des financements que je n’aurais pas cru possibles, et ce entre autres grâce à mes lecteurs ! Grâce à une lectrice en particulier qui m’a indiqué un lien très utile (merci Maryannick !!) qui tombait à point nommé. Malheureusement, je m’y suis prise un peu tard (en même temps, difficile de prévoir mieux avec une panne inattendue), et j’ai la chance d’avoir un audioprothésiste très patient, parce que sinon, ça n’aurait juste pas été possible.
Trouver les financements possibles
Il existe de nombreux financements possibles, selon les différents cas de figure de la personne sourde ou malentendante, son niveau de surdité, son âge, son type de handicap, etc. Par exemple, les personnes mineures, et jusqu’à 20 ans, bénéficient d’un tarif préférentiel de remboursement par la sécurité sociale. Les personnes sourdaveugles bénéficient du même tarif. Et les personnes qui ont une surdité de plus de 70dB ont droit à différents types d’aides de la part de la MDPH. Il est donc important de bien se renseigner.
La sécurité sociale
Vous trouverez toutes les informations sur la prise en charge des appareils auditifs par la sécurité sociale selon les différentes situations ici.
Pour les moins de 20 ans, « les prothèses auditives sont remboursées à 60 %, sur la base d’un tarif allant de 900 euros à 1 400 euros, selon la classe de l’appareil prescrit. » Le même remboursement s’applique aux personnes qui souffrent de surdité et de cécité, quel que soit leur âge.
Par contre, pour les plus de 20 ans, c’est beaucoup moins drôle : « Les prothèses auditives sont remboursées à 60 %, sur la base d’un tarif fixé à 199,71 euros, quelle que soit la classe de l’appareil prescrit. » Connaissant le prix d’un appareillage auditif, ça ne fait pas lourd !
Une fois que vous avez acheté vos appareils, pensez à demander une feuille de soin tous les ans à votre audioprothésiste, afin de vous faire rembourser des frais d’entretien, piles, embouts, etc. : « Ces frais d’entretien sont pris en charge par l’Assurance Maladie sur présentation des justificatifs de dépenses. Ils sont remboursés à 60 % sur la base d’une allocation forfaitaire annuelle fixée par la LPP* à 36,59 euros par appareil. »
Si vous êtes à la CMU, alors vous bénéficiez d’une meilleure prise en charge de votre appareillage. Vous pourrez vous faire rembourser jusqu’à 1400 euros pour un appareillage bilatéral tous les quatre ans. Vous trouverez plus de détails ici.
La complémentaire santé
Alors là , bien sûr, la prise en charge des appareils dépend des complémentaires santé. Si vous avez la chance d’avoir une bonne complémentaire santé, vous aurez peut-être un remboursement conséquent. Pendant plusieurs années, à chaque fois que la date de renouvellement de ma complémentaire santé approchait, je me lançais dans une grande recherche sur internet, pour trouver enfin LA perle rare qui rembourse bien les appareils auditifs sans me coûter un bras chaque mois. Eh bien je n’ai pas trouvé. J’ai fini par abandonner, après m’être rendu compte que la plupart du temps, une complémentaire santé qui rembourse bien les appareils auditifs coûte aussi cher que si je mettais de l’argent de côté chaque mois pour acheter les appareils moi-même. Pas la peine, donc.
Attention ! Si votre complémentaire santé dit qu’elle rembourse les appareils à 100%, n’oubliez pas que cela signifie simplement qu’elle complète le remboursement de la sécurité sociale sur la base de son tarif de 199,71 euros par appareil.
AGEFIPH ou FIPHFP
Voilà le financement que j’ai découvert cette année. En tant qu’auto-entrepreneur, je ne pensais pas avoir droit à un financement d’un organisme qui finance avant tout les salariés. Et en fait si !!
Si vous êtes entrepreneur, indépendant ou salarié du secteur privé, vous aurez droit à une aide de l’AGEFIPH. Il s’agit d’un montant forfaitaire maximum de 700 euros par appareil, 1400 euros pour 2 appareils. C’est toujours ça de pris ! Et il est possible d’avoir un financement de la MDPH aussi !
Si vous êtes employé dans le secteur public, alors il faudra vous tourner vers le FIPHFP pour obtenir un financement. Je n’ai pas eu d’expérience directe avec cet organisme, donc je me rends moins bien compte des délais, ou des conditions. Apparemment, le FIPHFP finance jusqu’à 3000 euros pour trois ans.
Par contre, pour obtenir un financement de la part de ces organismes, il est obligatoire d’avoir une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), ou d’en avoir fait la demande à la MDPH (une preuve que le dossier est en cours peut suffire).
Alors par contre, si on est en recherche d’emploi, ou sans emploi, ces organismes ne semblent pas être adaptés. Auquel cas, il faut se tourner vers la MDPH (maison départementale des personnes handicapées).
MDPH
La MDPH, c’est LE financement incontournable à demander. Et c’est important d’effectuer cette demande (le plus tôt possible, comme on le verra par la suite).
Je reprends encore une fois le site du Bucodes SurdiFrance :
« La Prestation de Compensation du Handicap ou PCH est une aide financière apportée par les MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) aux personnes reconnues comme handicapées. Elle est soumise à diverses conditions.
- Conditions administratives : il faut justifier d’une résidence stable et régulière en France métropolitaine. Les personnes étrangères (hors communauté européenne) doivent en outre justifier d’une carte de résident ou d’un titre de séjour.
- Conditions d’âge : avoir moins de 60 ans. Cet âge est porté à 75 ans si on peut justifier d’une reconnaissance de handicap (donc de surdité même partielle) avant l’âge de 60 ans ou si la personne a une activité professionnelle rémunérée. Une activité de bénévole n’est pas prise en compte.
- Conditions de handicap : il faut que soient reconnues une difficulté absolue ou 2 difficultés graves dans la réalisation d’activités inscrites dans une liste qui comprend cinq domaines : mobilité, entretien personnel, communication, tâches et exigences générales, relations avec autrui.
- Les déficients auditifs entrent dans le domaine de la communication. Quatre cas y sont répertoriés, dont les deux suivants :
- difficulté à entendre (percevoir les sons et comprendre)
- difficulté à utiliser les appareils et techniques de communications : le téléphone en fait partie.
Normalement on considère que :
- si la perte auditive moyenne est supérieure à 70 décibels, il y a difficulté absolue à entendre ;
- si la perte auditive est inférieure ou égale à 70 décibels, il faut prouver que l’on a deux difficultés graves : entendre et utiliser les appareils de communication, notamment le téléphone. »
En gros, le PCH finance 399,42 euros par appareil si notre perte auditive est inférieure ou égale à 70 dB, et 599,13 euros pour une perte supérieure à 70 dB.
Mon expérience avec la MDPH
Pour moi, le dossier de la MDPH s’est toujours fait en deux temps : le dossier passe à une première commission, où il est refusé systématiquement parce que je n’ai pas une perte supérieure à 70 dB. En fait, je n’ai pas droit à la PCH. Peut-être parce que je ne prouve pas assez bien qu’il m’est très difficile d’utiliser le téléphone, par exemple. Il faudra que j’insiste sur ce point la prochaine fois et je verrai si ça change quelque chose.
Puis le dossier passe devant le comité de gestion du fonds départemental de gestion du handicap (FDC). Là je reçois tout un tas de papier à remplir pour justifier de mes ressources, de mes charges, etc. En général, j’ai droit à un financement de la part de ce comité.
Toutes ces démarches avec la MDPH prennent vraiment beaucoup de temps. Surtout si on n’a pas droit à la PCH et qu’on doit passer devant le deuxième comité. D’ailleurs, j’ai commencé à monter mon dossier en avril-mai, j’ai dû l’amener à la MDPH en juin, et je viens juste de recevoir aujourd’hui la réponse du deuxième comité. Et c’était rapide !! La dernière fois, ça avait pris 9 mois.
Il faut penser que ces délais sont variables d’une MDPH à l’autre. Je ne sais pas non plus si le fonds départemental de gestion du handicap est disponible partout, et si c’est la MDPH qui s’en occupe dans tous les départements. Si vous le savez, n’hésitez pas à nous renseigner !
Monter les dossiers de financement
Le dossier de la MDPH est celui qui prend le plus de temps. C’est donc important de penser à le préparer en premier.
Lorsque c’est possible, démarrez les dossiers de financement avant de commencer le mois d’essai des appareils. Les dossiers demandent des devis, donc cela vous permet d’aller voir chez quelques audioprothésistes et de faire des comparaisons, mais c’est une bonne idée de démarrer les dossiers avant de prendre les appareils, à moins que votre audioprothésiste soit très patient (comme le mien…).
Par contre une fois les accords de financement reçus, il ne faut pas trop tarder avant d’envoyer les factures, sous peine de perdre les financements (pour les financements AGEFIPH, on a trois mois pour clore le dossier et demander le financement, sinon c’est annulé).
Se faire aider pour monter les dossiers
Quand je me suis retrouvée devant le dossier AGEFIPH et le dossier MDPH à monter en même temps, j’ai commencé par procrastiner sérieusement pendant plusieurs semaines. Ce n’était pas évident de remplir tous ces papiers !
J’ai fini par demander de l’aide. Bien m’en a pris ! J’ai contacté le SAMETH de ma ville, j’ai eu un rendez-vous dans la semaine. J’ai rencontré une conseillère qui m’a aidé à remplir les formulaires et surtout à déterminer les pièces que je devais joindre au dossier. Et en tant qu’indépendante, ce n’était pas évident à savoir.
Vous pouvez trouver les coordonnées du SAMETH de votre département sur le site de l’AGEFIPH. En Charente, en tout cas, ils sont très réactifs et ils m’ont bien aidée.
Il est possible aussi de se tourner vers des associations de malentendants pour trouver de l’aide pour remplir les dossiers, et la MDPH propose aussi de l’aide pour remplir son dossier.
Voilà donc en gros les démarches à faire pour se faire financer.
Si vous avez trouvé d’autres organismes financeurs, n’hésitez pas à partager dans les commentaires ! Et si vous avez des astuces pour simplifier les démarches aussi !
je confirme que les dossiers MDPH sont lourds à remplir et que la MDPH est longue à répondre, ici aussi en haute-marne.
mais les demandes PCH fonctionnent bien donc ne pas hésiter à demander 🙂
merci pour tes astuces car elles peuvent me servir ds le cadre de mon travail 🙂
Super ! Merci du partage et ravie de pouvoir aider un peu.
Ah je suis en plein dedans. Heureusement, j’ai mon conseiller Capemploi qui me soutient dans les démarches! Mon dossier MDPH presque rempli puisque j’ai rendez-vous chez mon médecin jeudi et j’ai déjà mes devis. Mon audioprothésiste sera très patiente 🙂
Merci pour ton éclairage plus facile à mettre en écrit qu’en vidéo. 🙂
Bon courage pour tes démarches ! Et oui, je crois que l’écrit, ça reste ma force de toute façon.
🙂
Je viens confirmer cette lourdeur administrative pour bénéficier des aides financières. J’ai pu avoir 1400 euros d’aide par l’AGEFIPH pour un reste à charge de 1500 euros! Super! la sécu c’est la misère et c’est honteux! Ma mutuelle rembourse bien ( 1600 les deux prothèses) J’ai eu des retards car mon devis a été vite périmé au regard du temps à faire les démarches, puis ça a été mon ordo!!! Enfin, ça y est je devrais en avoir fini début novembre pour un dossier initié en aout! C’est le parcours du combattant et c’est comme toi j’ai rencontré un audio sympa et patient car depuis août j’ai les nouveaux appareils ( heureusement). Y’a vraiment une information et des actions à mener pour améliorer les remboursements, je sais que certaines associations s’y emploient BUCODES , SURDI 34 . J’ai été adhérente à l’association SURDI 34 et j’ai eu soutien et ‘écoute’ Je vous invite à adhérer à des associations afin de leur permettre de nous faire ( entendre) car plus il y a d’adhérents et plus cela est représentatif, l’UNION FAIT LA FORCE!
Merci de ton commentaire ! C’est vrai que les démarches sont lourdes et la tentation de tout abandonner et tant pis peut être forte. Et merci du rappel concernant les associations, c’est vrai que c’est en se regroupant qu’on pourra se faire entendre. Je vais de ce pas chercher une asso à laquelle adhérer !
A titre personnel, je n’emploie jamais le mot « mutuelle », sauf si je sais exactement qu’il s’agit bien d’un système mutualiste de complémentaire santé.
Trop d’assureurs sont bien heureux de passer pour des mutualistes alors que leur système repose uniquement sur la rentabilité, et pas la répartition.
Merci pour votre blog qui explore « l’autre côté de l’audioprothèse », c’est à dire le malentendant !
Merci de votre commentaire, votre remarque est judicieuse, j’ai maintenant modifié l’article en conséquence !
Et merci de votre intérêt !